HALE • je ne peux pas revenir, ce n'est plus chez moi.

Il y a dans la vie des personnes qui ont beaucoup de chance. Certaines découvrent régulièrement dans la rue des billets ou des pièces de monnaie. Le plus souvent, ce sont elles qui gagnent au loto. Il leur suffit de claquer des doigts ou d'accrocher un fer à cheval au-dessus de leur porte pour qu'elles trouvent le grand amour. pour que la chance leur sourit. Et puis il y a cette autre catégorie de personnes dans laquelle on pourrait me classer. Ce sont des gens comme moi, malchanceux et blessés, qui attirent la poisse à des kilomètres. On a tous peur qu'un jour, ce foutu fer à cheval nous tombe dessus quand on claque la porte d'entrée. On a tous peur que le sel lancé par-dessus notre épaule atterrit dans les yeux de quelqu'un. Et on a tous peur qu'une catastrophe nous arrive. Il fait froid et j'ai peur. Eux aussi ont peur, mais moins que moi. J'ai le souffle coupé et les doigts engourdis. Ils se battent pour survivre, mais moi je n'ai plus la force. J'ai peur, peur de la mort. Alors j'abandonne ce combat perdu d'avance et je cède face aux ténèbres.

C’était il y a seize ans de cela. Le vent soufflait sur les arbres, leurs donnaient un mouvement fluide et gracieux que l’on pouvait presque croire qu’ils étaient vivant. Il était là. Assis en tailleur devant un grand arbre, majestueux et plein de sagesse.  Il ne disait guère mot, écoutant juste les bruits de la nature. Cherchant à percer le secret de l’infinie dans l’écorce qui puait la sève. Il attendait ici depuis des heures. Semblant être simplement mort. Seuls les battements de son cœur régulier et sa respiration basse pouvaient le trahir. Des pas se firent entendre derrière lui. Clignant des yeux, le jeune enfant se tournait vers la source du bruit, en position de défense, prêt à partir s’il avait affaire à l’un des membres de la famille Argent. Mais cette silhouette en face de lui n’avait rien d’agressive. C’était même une personne qu’il appréciait beaucoup. « Lara ! » s’écria alors le garçon en se redressant pour courir se jeter sur elle. Il entourait sa taille de ses bras fragiles et fut plus qu’heureux quand il sentit sa sœur resserrer son étreint sur lui. « Doucement Derek, tu vas me broyer les os ! » S’amusa-t-elle à dire.  Aussitôt, le dénommé Derek desserra son emprise sur les hanches de sa grande sœur et se recula, les sourcils froncés. Après une minute de silence, Derek baissa la tête et tortilla ses doigts dans un geste embarrassé. « Désolé … , laissa-t-il tombé, Mais c’est ma façon de te dire que je t’aime moi ! » se défendit ensuite le petit, ne comprenant pas pourquoi il était maintenant interdit de faire des câlins. Surtout à des gens de sa famille. Surtout à des gens que l’on aime. La jeune Alpha passa sa main dans les cheveux du garçon et sourit d’un sourire tendre et en aucun cas réprobateur. S’approchant de lui, elle lui souffla avec tendresse près de l’oreille : « Moi aussi je t’aime. Mais fais attention tout de même, tu risques quand même de briser des os si tu serres autant ! » Elle se mise à rire devant l’air presque effrayé de Derek. Faire du mal à des personnes qu’il aimait ? Jamais de la vie ! Lara, voyant qu’il réfléchissait un peu trop à sa phrase le toucha à l’épaule et se mit en position de fuite. Avant de partir, elle lança à Derek : « C’est toi le loup ! » Le garçon éclata d’un rire enfantin avant de partir à sa poursuite, laissant le vieille arbre et sa sagesse pour plus tard. Il n’avait pas l’âge pour comprendre encore toutes les subtilités du monde.

C’était il y a neuf ans de cela. Les devoirs non finis croupissaient sur son bureau. Dans son cassier, seulement des choses inutiles mais qui avait de la valeur à ses yeux y étaient entreposés comme un petit jardin secret dont lui seul avait l’accès. Des photos de sa famille, des souvenirs matériel, des machins sans intérêt, quelques livres sur des sujets qui le passionnait. C’était ça pour lui l’école ; l’amusement avant tout. La famille aussi. Puis l’amour aussi. Car oui, l’amour l’avait frappé sans aucune douceur au cœur. Paige. C’était son nom. Et il l’aimait. Oh oui qu’il l’aimait. Elle était inaccessible et à lui en même temps. Dès qu’il en avait l’occasion, il l’attirait à lui et l’embrassait, parcourant son corps de milles caresses. Derek regardait souvent la lune avec elle et lui soufflait dans le cou cette phrase qui avait tant de sens pour lui : « Je décrocherais la lune pour toi ! Sans hésitation ! » La lune. Cette deuxième mère qui veillait sur lui lorsqu’il laissait son loup se détendre. Elle riait à chaque fois et à chaque fois elle lui répondait en raffirmant sa prise sur sa taille : « Il te faut une fusée avant. A moins d’être un super-héros. » Des discussions d’amoureux prêt à tous pour l’autre. Des discussions d’adolescent vivant leur première histoire. Il voulait tant lui offrir plus. Lui faire découvrir son monde. Souvent il demandait des avis à son oncle en qui il avait une confiance aveugle. En qui il voyait un confident. Mais il ne voyait pas que lors de leurs discussions, Peter le manipulait pour qu’il ait l’impression que pour vivre à jamais avec Paige, il faudrait la transformer en loup-garou. Derek avait ensuite contacté Ennis sous une suggestion de Peter pour lui proposer de mordre Paige. Depuis le vestiaire, il entendait sa compagne pleurer et gémir son mal. Ça lui déchirait le cœur. N’en pouvant plus, il sortit et la chercha, la retrouvant sur les escaliers, se tenant les hanches. Au moment où il voulut la rejoindre, il fut bloqué par Ennis qui ne désirait pas qu’il intervienne pour l’instant. Lorsque l’Alpha lui permit d’aller la voir, il l’emmena sous le Nemeton, dans une maison abandonnée. Il souffre avec elle, pas d’une douleur physique mais de son amour pour elle. Derek essaie de prendre de son mal, il essaie de la sauver mais elle est déjà perdue, elle est déjà morte … Après lui avoir dit qu’elle l’avait toujours vu différent, Paige demandait à Derek de mettre fin à sa douleur. Alors qu’il lui brisait le cou, il sentit son cœur se briser avec elle. Il se sent différent. Il sent qu’il a changé. Il a pris une âme innocente et en souffrira longtemps.

C’était il y a un an de cela. Les choses étaient allées si vite. Il savait le jour où il avait croisé ces deux adolescents sur sa propriété que plus rien ne serait comme avant. Qu’il n’aura plus cette solitude qui lui colle ainsi à la peau. Il savait que tout allait changer. Cela avait commencé avec le cadavre de sa grande sœur aimée et morte, Laura Hale. Il fut arrêté et se retrouva alors plongé dans les problèmes. Souvent les gens se demandent qui il est. Et souvent les gens répondent : « Ce mec-là ? C’est Derek Hale. T’en approche pas, ce type est totalement dérangé et seul. Il vit encore dans sa maison brûlée (…) » Il fuyait la population pour ses remarques qui lui rappellent à quel point il est seul. A quel point il s’accroche à des espoirs qui ne le mèneront jamais quelque part. Alors qu’il arrivait à se sortir du commissariat, il se retrouve à nouveau piégé. Le voilà suspecté pour quelque chose qu’il n’a pas fait.  Ce fut cet humain hyperactif et saoulant sur les bords qui l’avait mis dans cette misère qui l’aida. Son aide fut régulière par la suite. Et même s’il ne le montrait pas, il était redevable à cet humain qui aidait du mieux qu’il pouvait son meilleur ami devenu loup-garou. Mais Derek n’avait pas le temps de s’attardé sur cette amitié touchante et profonde, il avait l’assassin de sa sœur à trouver et à venger. Ce fut le soir, en duo avec à nouveau le jeune Stilinski qu’il découvrit que l’auteur de ce crime infecte n’était autre que son oncle et ancien confident, Peter Hale. Il voulut se venger, venger la mort de sa sœur mais n’en avait pas la force ce soir. Ce fut que plus tard, avec l’aide de Stiles, Scott et d’autres adolescents qu’il vola le titre d’Alpha à Peter et vengea sa sœur en tranchant la gorge de son oncle. Par la suite, il construisait sa meute pour se rendre plus fort contre les chasseurs mais d’autres problèmes vinrent bousculer ses plans initiaux. Le Kamina fut sa principale menace avant que celle-ci ne soit contrôlée. Derek crut par la suite que tout allait bien se passé, qu’il vivrait normalement. Il avait même commencé à chercher un métier pour reconstruire sa maison mais une autre menace arriva, bien plus forte et bien plus nombreuses. La meute Alphas.  Cette meute qui lui avait pris Boyd et Erica. Cette meute qui lui avait pris Cora. Cette meute qui le voulait avec elle. C’était sa nouvelle bataille.